Le réseau Vélite-Thermopyles

Le réseau Vélite-Thermopyles est un réseau de renseignements dépendant du BCRA (Bureau central de renseignements et d'action), organe directeur à Londres des Services spéciaux de la France libre. C'est donc un réseau de renseignements gaulliste. Le réseau est fondé en octobre 1940 par Raymond Croland, Pierre Piganiol et Albert Mercier, tous trois enseignants à l’Ecole normale supérieure.

 

Le réseau s'étend progressivement en zone nord essentiellement, puis en quelques points de la zone sud après l'invasion de celle-ci. Le réseau a été implanté dans le Sénonais par Catherine Janot et par le docteur Jean de Larebeyrette. Les activités de ce réseau sont mêlées à celles d'un autre réseau, Comète. En décembre 1942 Catherine Janot recueille un aviateur canadien caché à Serbonnes et le conduit dans son appartement parisien. Elle entre en contact avec le réseau Comète qui prend en charge l’aviateur. Mme Janot met alors Jean de Larebeyrette en contact avec Robert Aylé, responsable du réseau Comète. Celui-ci le met en relation avec Philippe Viannay, fondateur du mouvement Défense de la France. En mars 1943, Viannay met en relation Catherine Janot et Jean de Larebeyrette avec les responsables du réseau Vélite-Thermopyles. C’est le point de départ du groupe sénonais. Jusqu'en juin 1943, Jean de Larebeyrette doit être considéré comme le chef du groupe ; en particulier parce qu'il est l'agent de liaison avec la centrale du réseau à Paris. Fernand Loirat, épicier et président de la Délégation spéciale de Pont-sur-Yonne lui succède jusqu'à la Libération. Dès l'automne 1942, Jean de Larebeyrette contacta Pierre Lanceau, médecin à Sens, pour l'aide aux aviateurs alliés tombés dans la région et aux réfractaires ; lui aussi participe au réseau Comète. En mars 1943, lorsque l'adhésion au réseau Vélite-Thermopyles est réalisée, une partie du groupe est déjà constituée.

De son côté, Fernand Loirat a formé un groupe à Pont-sur-Yonne : Henri Marchand, agent de la SNCF à Montereau, Albert Fandard, blanchisseur à Pont-sur-Yonne, Roger Grenier, appariteur à la mairie de Pont-sur-Yonne, Jean Lefèvre, secrétaire de mairie à Pont-sur-Yonne. Il a aussi contacté Clotaire Alexandre, entrepreneur de Travaux publics à Sens. Celui-ci a vraiment secondé les deux chefs de groupe successifs dans le domaine du recrutement. Une trentaine de personnes participent aux activités du réseau. Clotaire Alexandre est aussi en contact avec Jacques Agenie, ingénieur des Ponts et Chaussées et architecte, qui se déplace très facilement entre Auxerre et Paris. Lorsque Jean de Larebeyrette fut arrêté, les liaisons avec la centrale s'effectuèrent par Jacques Agenie, Jacques Loirat, fils de Fernand, Lise Blosset puis sa sœur Annette.

Un groupe de résistants se constitue à Serbonnes. Il était relié à celui de Pont-sur-Yonne par l'intermédiaire de Fernand Loirat. Catherine Janot, qui habite tour à tour Paris et Serbonnes, continue de servir de boîte aux lettres pour Vélite-Thermopyles et reste en liaison avec Jean de Larebeyrette qui vient une fois par semaine à Paris. Elle est dénoncée par un étudiant en médecine et dut entrer dans la clandestinité au printemps 1943. Il lui fallut renoncer partiellement à ses activités d'hébergement des aviateurs et à ses voyages dans l'Yonne. Jean de Larebeyrette est arrêté à Sens, le 17 juin 1943.

Catherine Janot prend alors contact avec un autre réseau d'évasion, le réseau Bourgogne qui dépend du BCRA et qui conduit jusqu'en Algérie ou en Angleterre non seulement des aviateurs alliés abattus au-dessus de la France, mais aussi des Français volontaires pour s'engager dans les FFL. Elle fait la connaissance d'un Allemand, Paul Fuchs, interprète à la Gestapo, catholique et anti-nazi. Il accepte de fournir à la Résistance des renseignements sur les dénonciations qui parviennent à la Gestapo et sur les arrestations qui vont avoir lieu.

Dans le Sénonais, les activités du réseau Vélite-Thermopyle sont doubles : - l'évasion : des aviateurs anglais ou canadiens tombés après que leur avion eut été abattu sont récupérés. Une filière les conduit à Sergines, où ils logent chez le boulanger et chez le docteur Bonnardot, dont la femme parle l'anglais ; de là, ils sont transportés à Fontainebleau, puis à Paris. L'efficacité des filières d'évasion et la solidarité dont elles bénéficient dans une large partie de la population sont mises en évidence par les événements qui suivent la chute de la forteresse volante, le 6 septembre 1943 à La Chapelle-Champigny. - le renseignement constitue la seconde activité du réseau. Les activités de surveillance du trafic ferroviaire et fluvial ont été très importantes. Les renseignements portent aussi sur les passages et les stationnements des troupes allemandes. Le contre-espionnage, sous la forme d'ouverture du courrier et la prévention des arrestations ont aussi été effectués. Fernand Loirat disposait d’un poste-émetteur à Pont-sur-Yonne.

Il existe des contacts solides avec d'autres organisations ou formes de résistance. Ainsi des membres de ce réseau participent-ils au ravitaillement, à l'armement et à la protection des maquis quand ceux-ci se constituent. La demeure d'Albert Fandard, à Pont-sur-Yonne, devient alors une plaque tournante de la Résistance locale. A. Fandard et ses amis jouent un rôle important dans l’appui logistique au maquis FTP Paul Bert, installé près de Pont-sur-Yonne. Il existe également un groupe auxerrois de ce réseau.

Sources : Témoignage de Mme Catherine Janot (1996 à 2002). Témoignage de Mme Camille Fandard (1997). Renseignements communiqués par Bernard Carré, historien. Drogland Joël, Histoire de la Résistance sénonaise, Auxerre, ARORY, 2ème éd. 1998, 258 p.

Joël Drogland (Extrait du cédérom, La Résistance dans l'Yonne, AERI, 2004).

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