Le réseau Bordeaux-Loupiac dans l'Yonne

Rue à Aillant-sur-Tholon ainsi nommée après la Libération car située en face du domicile de Pierre Argoud où étaient hébergés des aviateurs alliés (DR).

C’est Pierre Charnier, étudiant à Paris dont la famille demeure à Joigny, qui est à l’origine de l’implantation icaunaise du réseau. L’Yonne présente le double avantage de se situer à proximité de Paris et d’être traversée par la ligne de chemin de fer du PLM. Région essentiellement rurale, l’Yonne offre également un nombre important de fermes où les aviateurs peuvent se cacher en attendant leur rapatriement en Angleterre, via la Bretagne.

 

Charnier a donc recruté au début de l’été 1943 plusieurs agents qui ont fait fonctionner une filière du réseau Bordeaux-Loupiac dans l’Yonne. Quatorze personnes ont été identifiées comme membres du réseau. Toutes habitaient dans un secteur géographique très délimité : le Jovinien, le Migennois et l’Aillantais. Beaucoup appartenaient au groupe Bayard comme Anthony Leriche, Louis Cordier, Henri Pannequin et Jean Marot.

 

Le convoyage des aviateurs était minutieusement organisé. Les aviateurs arrivaient de Paris par le train par groupes de huit personnes. Munis de faux papiers et ne parlant pas, pour la grande majorité, le français, ces hommes étaient obligatoirement accompagnés d’agents de liaison. Les aviateurs étaient ensuite discrètement récupérés sur les quais de la gare de Cézy, petite localité située à seulement quelques kilomètres au nord-ouest de Joigny. Des représentants du réseau les y attendaient. Jean Hémery mettait à disposition de ces derniers les véhicules de son entreprise. Le plus souvent, les pilotes étaient logés dans les environs de Joigny. Le vétérinaire Pierre Argoud en a caché un nombre important chez lui avant de les placer dans des fermes comme celle appartenant à Lucien Boudot, agriculteur à Bleury. Certains ont été logés à Joigny chez Mme Varrey, Mlle Meyer, Mme Gourod, M. Boussenot, etc.

 

Au total, une vingtaine d’aviateurs alliés ont été hébergés dans l’Yonne par les quatorze agents du réseau Bordeaux-Loupiac avant d’être rapatriés vers l’Angleterre. Majoritairement Anglais, certains étaient aussi Américains et Néo-Zélandais. Ils ont séjourné en moyenne entre un et deux mois dans le département. L’activité du réseau Bordeaux-Loupiac dans l’Yonne n’a duré que de juillet à fin septembre 1943. Début octobre 1943, à la suite d’une fusillade à Rennes, le réseau a subi un sérieux coup d’arrêt qui a provoqué en partie son démantèlement, seule la région Nord-Belgique continuant de récupérer des aviateurs.

 

Sources : AN, 72 AJ 37, dossier Bordeaux-Loupiac comprenant la liste nominative des membres du réseau établie le 10 décembre 1945 et le témoignage de Paulette Depesme recueilli par Pierre Vauthier. ADY, 33 J 18 (témoignage d’Anthony Leriche recueilli par Pierre Vauthier, fin juillet 1950). Témoignage de Louis Cordier (2001). Boursier Jean-Yves, La Résistance dans le jovinien et le groupe Bayard, Mémoire et Engagement, Chalon-sur-Saône, éditions du groupe Bayard, 1993, 151 p.

 

Thierry Roblin (Extrait du cédérom, La Résistance dans l'Yonne, AERI, 2004).

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