La famille Herbin

Paul Herbin ("Hubert") (DR).
Guy Herbin (DR).
Jacqueline Herbin (DR).

Le groupe jovinien Bayard affilié à Libération-Nord et au réseau Jean-Marie Buckmaster fut à l'origine une création familiale : celui de la famille Herbin. Si le groupe s’ identifie très largement à la personnalité de Paul Herbin, son fondateur, il faut cependant ajouter que rarement une famille entière ne fut aussi largement engagée dans une activité de résistance.

 

Paul et Emilie Herbin avaient six enfants, cinq garçons et une fille. Tous les garçons, sauf un, furent des enfants de troupe, tous furent militaires. Militaire de carrière, ancien combattant de la Grande Guerre, Paul Herbin élève ses enfants dans le respect de la discipline et le culte de la patrie : la devise « France, Honneur, Patrie » est inscrite au-dessus de leur lit.

 

L'un de ses fils, Paul, né en 1917, quitte la France en 1940 et va combattre dans l'armée de Lattre. Henri, un autre fils, né en 1919, est tué pendant la campagne de France, en 1940. Quand il rentre à Joigny après la défaite, Paul Herbin apprend que sa femme et sa fille Jacqueline, née en 1921, participent à des actions d'évasion de prisonniers de guerre enfermés à Joigny au Frontstalag 124. Lorsque Paul Herbin décide de fonder un groupe de résistance, il en parle à sa femme, à sa fille et à son fils Guy. Tous sont d'accord, la décision est collective et c'est en famille qu'est choisi le nom du groupe : Bayard. Tous furent des membres actifs du groupe qui fut renforcé par leurs amis. Si Claude Herbin, né en 1931 et alors élève à l'école militaire de Tulle est trop jeune pour agir, son frère Jacques, qui est enfant de troupe à Béziers, participe aux activités de résistance des aînés pendant les vacances et aux combats pour la Libération en juillet et août 1944.

 

Jacqueline Herbin habite Joigny. Elle se marie le 13 septembre 1943. Elle participe aux activités du groupe, assiste à des parachutages, effectue des sabotages et se livre à des activités de renseignement. Employée aux PTT de Joigny, elle écoute les conversations téléphoniques, recueille et transmet des renseignements. Elle est enfin agent de liaison.

 

Enceinte de six mois, elle est arrêtée le 21 mars 1944, ainsi que son jeune frère Guy. Tous deux subissent de violents interrogatoires au siège de la Gestapo à Auxerre. Ils sont cependant libérés le 12 avril, sans avoir compris pourquoi.

 

Tous deux reprennent leurs activités de résistance. Jacqueline accouche le 25 juin et reprend peu après ses fonctions d'agent de liaison. Guy Herbin est tué le 23 août 1944 à Charmoy. C'est donc dans la peine que cette famille vit les jours de la Libération pour laquelle elle a tant combattu. Emilie Herbin, née le 7 décembre 1891, orpheline élevée par des religieuses et catholique fervente, s'est consacrée pendant toute l'Occupation aux oeuvres sociales de la Résistance. Elle succède à son mari à la tête de l'Amicale Bayard, de la mort de Paul Herbin en 1947 à la sienne en 1975.

 

Sources : Témoignage de Jacqueline Herbin (1995). Andréotti Nicolas, Bayard. Un groupe de résistance dans son environnement social, mémoire de maîtrise, Université de bourgogne, 1996. Boursier Jean-Yves, La Résistance dans le Jovinien et le groupe Bayard, Chalon-sur-Saone, Groupe Bayard, 1993, 152 pages.

 

Joël Drogland

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