René Aubin

René Aubin est né le 28 décembre 1906 à Donzy (Nièvre). Il est marié et a trois enfants, nés en 1925, 1927 et 1932. Avant-guerre, il est militaire de carrière au 4eme régiment d’infanterie d’Auxerre.

Il est mobilisé en 1939 comme adjudant-chef au 4ème régiment d’infanterie. Proposé comme lieutenant, il se retrouve dans les Vosges, puis dans la Sarre, enfin dans le Nord au printemps 1940. Il participe à la campagne de Belgique, à la tête d’une unité antichars, et au repli sur Dunkerque. Blessé, il est évacué vers l’Angleterre sur un bateau belge. Le navire est torpillé ; il est recueilli sur un contre-torpilleur britannique.

René Aubin revient d’Angleterre et débarque le 14 juin à Cherbourg. Réincorporé avec ce qui reste de la 15ème division d’infanterie de marine, il participe à la contre-attaque de Caen-Lisieux. Refoulé vers la mer, il tente le passage en Angleterre et est capturé en mer par un sous-marin allemand le 21 juin. Prisonnier à Caen et hospitalisé pour blessure, il s’évade le 30 octobre à la faveur d’un bombardement.

Il rentre alors à Auxerre où il se cache pendant presque un an. Il entre au Secours national le 20 juin 1941, comme attaché au service social des prisonniers de guerre.

C’est à partir de ce moment qu’il s’engage dans la Résistance. Il prend des contacts en utilisant le réseau des 284 correspondants départementaux du Secours national, mais surtout avec d’anciens sous-officiers du 4ème régiment d’infanterie qu’il connaît bien, ainsi que du 89ème et du 204ème. C’est ainsi qu’il recrute. L’action peut démarrer dans l’été 1941. Il s’agit d’abord de la fourniture de cartes d’identité, de cartes de travail, de l’interception de lettres de dénonciations (grâce à des facteurs, anciens sous-officiers).

Il est l’un des initiateurs du groupe Pour La France (PLF ), organisé d’abord à Auxerre puis sur l’ensemble du département au cours de l’année 1942. Le ramassage d’armes s’ajoute aux activités antérieures.

Il rencontre le docteur Seguin, qui se rattache à PLF. Contacté par Jean Chapelle (« Verneuil ») en décembre 1943, il accepte le rattachement de son groupe à Libération-Nord dont il devient l’un des responsables départementaux, avec le grade de lieutenant. 

Il est arrêté par la Gestapo  le 15 mars 1944, en même temps que le lieutenant Dumont, sur dénonciation. Il s’est en effet trouvé en contact avec Marius Guillemand (« Etienne ») dans l’été 1943, et celui-ci assiste à son interrogatoire. Berthon, agent de la Gestapo, reconnaîtra l’avoir dénoncé lors de l’interrogatoire auquel procédèrent les FFI du Jura après sa capture en compagnie de M. Guillemand et avant leur exécution. René Aubin est incarcéré à la prison d’Auxerre, interrogé et torturé, puis transféré le 7 juin à Compiègne. De là,  il est déporté à Dachau puis à Mauthausen, où il retrouve René Schaeffer. Affecté au kommando de la sinistre carrière,  puis à Linz, un camp annexe de Mauthausen, il réussit à survivre malgré les privations, les coups et une pneumonie. Il pèse 45 kg lorsqu’il est libéré le 6 mai 1945. Il est rapatrié par la Suisse et revient à Auxerre le 25 juin 1945. Il est nommé capitaine en septembre 1945 et affecté à la garde de prisonniers allemands au camp des Champoulains. Il est placé en retraite militaire en 1947 et devient gérant de plusieurs sociétés à Auxerre.

 C’est alors une des personnalités les plus en vue du département parmi les anciens combattants et résistants. Il est élu président du comité d’entente de la Résistance, de la section départementale de Libération-Nord, et vice-président de l’association départementale des déportés et internés politiques. Inscrit au RPF en 1947, il est élu conseiller municipal d’Auxerre sous cette étiquette en 1947 puis réélu en 1953. Il est nommé chevalier de la Légion d’honneur en 1949, puis officier en 1970.

 

Sources : AN, 72 AJ 208 (témoignages de René Aubin et de Jean Chapelle). Aubin René, Souvenirs de déportation du capitaine Aubin, L’Yonne Républicaine, numéros des 5, 6 et 13 octobre 1945. Discours de Jean Marot, L’Yonne Républicaine, 7 juin 1971.

 

Jean Rolley et Claude Delasselle

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