Il faut signaler enfin que des plaintes pour dégâts causés par le passage des convois (une pompe à essence arrachée à la sortie d’Auxerre, des façades endommagées à Cussy-les-Forges…) sont déposées jusqu’en juin, attestant de la persistance de ces convois au moins jusqu’à la fin du printemps. Selon un témoin de Joux-la-Ville, 57 embarcations (barges de débarquement ou vedettes) sont passées par cette localité pendant cette période. Il semble que ces convois, signalés à Londres, aient été bombardés par l’aviation alliée dans le sud de la France et aient été attaqués par la Résistance, mais pas sur le territoire icaunais. Si des promesses d’indemnisation avaient été faites en 1943 par l’Organisation Todt, en mars 1944 les autorités allemandes refusèrent de payer les indemnités réclamées (chiffrées à 6,5 millions de francs dans l’été 1943), arguant que ces destructions devaient être considérées selon eux comme des dommages d’occupation dont la charge incombait à l’Etat français. Les choses, malgré les protestations françaises, en restèrent là jusqu’au départ de l’occupant (sauf quelques indemnités versées directement par l’Organisation Todt à Saint Cyr-les-Colons et à Avallon). En 1945 les indemnités furent enfin versées aux propriétaires par les Services de la Reconstruction, pour un montant d’environ 4,8 millions de francs.
Claude Delaselle
Sources : Arch. Départementales de l’Yonne, 1 W 616. Claude Delasselle, La marine allemande sur les routes de Bourgogne,
Yonne Mémoire, n° 30, novembre 2013.