Cécile Lobry quitte le camp de Ravensbrück avec un convoi de la Croix-Rouge suisse, le 5 avril 1945. Ce sont les toutes premières rapatriées ; elles passent par la Suisse, puis Lyon et arrive à Sens le 14 avril 1945. Cécile Lobry publie dans les colonnes de L'Eclaireur de l'Yonne, de mai à juillet 1945, un récit de son calvaire. C’est le journal bi-hebdomadaire du mouvement Libération-Vengeance, imprimé à Sens, tiré à 5 200 exemplaires début 1945 et qui n’est guère vendu que dans le Sénonais où le mouvement est implanté. Engagé politiquement à droite, il tranche dans un univers politique très majoritairement de gauche. Les éditoriaux du docteur Bonnecaze et Les propos du Pipelet polémiquent d’ailleurs fréquemment et fortement avec les organisations communistes. M. Lobry est alors gérant du journal et trésorier de la Fédération départementale du mouvement Ceux de Libération-Vengeance. Le journal édite ensuite ce récit de déportation sous la forme d'une petite brochure d’une trentaine de pages intitulée Bagne de femmes . Si quelques allusions laissent entendre qu'elle fut résistante, Cécile Lobry ne donne pas la moindre précision sur la nature de son activité et sur les structures de son organisation. Au moment où elle écrit Stéphane Leuret comparaît devant la Cour de Justice de l’Yonne ; l’arrestation de Mme Lobry et du docteur Ragot sont les principaux chefs d’accusation.
Sources : Archives nationales, Z6/166 dossier 2252 bis, dossier d’instruction du procès de Stéphane Leuret. ADY, 1130 W 10 (dossier Simone Duval) et 1130 W 39 (dossier Cécile Lobry). L’Eclaireur de l’Yonne, avril 1945. Drogland Joël, Histoire de la Résistance sénonaise, Auxerre, ARORY, 2ème édition 1998, 258 pages.
Joël Drogland.