Militante communiste, membre des FTP

 

Maria Layma est née le 20 janvier 1895 à Tauriac dans le Lot. Veuve de guerre à vingt-trois ans avec un enfant de quatre ans à sa charge, elle se remarie avec Louis Valtat, né en 1872. Louis Valtat est facteur à Paris, militant communiste et secrétaire-adjoint de la fédération nationale CGT des PTT.

Maria Valtat adhère au parti communiste en 1920. En 1932 Louis et Maria Valtat s'installent dans l'Yonne, à Saint-Léger-Vauban où ils louent une petite maison. Tous deux militent dans le mouvement pacifiste très développé dans l'Yonne. Maria Valtat parvient à implanter une cellule communiste dans le canton de Quarré-les-Tombes. Elle est l'une des militantes les plus actives de la Fédération de l'Yonne du PCF dans les années 30. Elle fait partie avec René Froissart, Pierre Houchot et Raymond Roulot de la délégation icaunaise à la conférence nationale du PCF à Gennevilliers du 21 au 23 janvier 1939.

Un mandat d’arrêt est délivré contre elle et son mari par Bourgeois, alors sous-préfet d’Avallon, pour « menées et propagande communistes », le 14 juin 1940. Considéré comme « dangereux pour l’ordre public », Louis Valtat est interné à Dijon puis au camp du Vernet. Il est libéré le 26 mai 1942 avec interdiction de rejoindre l’Yonne. Maria est relâchée et assignée à résidence.

Maria Valtat est contactée par René Roulot quand il s'efforce de réorganiser le parti dans le cadre d'une structure clandestine. Elle reconstruit l'organisation du parti dans l'Avallonnais en s'appuyant sur Jean Couhault, agriculteur à Saint-Aubin, hameau de Saint-Brancher et sur Armand Simonnot, charpentier à La Provenchère.

Elle est en contact avec Jean-Pierre Ringenbach qu’elle héberge et soigne. Le 10 (ou le 12) mars 1942, la police française de Dijon vient perquisitionner chez elle. Cette visite n’est pas liée à une dénonciation de Ringenbach, mais à la découverte d’un document dans un colis qu’elle avait adressé à René Roulot, alors emprisonné à Dijon. On la soupçonne de donner refuge à des militants de passage, mais on ne l’arrête pas car « une surveillance discrète de son domicile pourrait donner des résultats». Malgré les multiples arrestations du printemps 1942, elle ne disparaît pas encore. Elle accueille Marcel Mugnier et prend les premiers contacts qui aboutissent à la naissance du Front national dans l'Avallonnais. Dénoncée par une collaboratrice locale, elle reçoit la visite du commissaire Grégoire, accompagné de trois inspecteurs, le 28 août 1942. Aucun document suspect n’étant découvert  au cours de la perquisition de son domicile, elle n’est pas arrêtée. Estima-t-elle qu’il lui fallait désormais disparaître ou en reçut-elle l’ordre du parti ? En septembre 1942 elle entre dans la clandestinité et quitte l'Yonne.

Elle passe en Côte-d'Or où elle organise un groupe FTP dans le canton de Fontaine-Française puis un autre à Saulieu. Elle participe au sabotage ferroviaire qui fait dérailler un train militaire allemand à la Combe-aux-Fées, près de Dijon, le 30 décembre 1942. Au début de janvier 1943, nommée par intérim responsable militaire dans le département de l'Aube, elle organise les groupes FTP à Troyes, Sainte-Savine et Romilly. De fin janvier à fin avril 1943, elle assure les fonctions de responsable inter-régionale des FTP pour les départements de la Côte-d'Or, de la Saône-et-Loire, de l'Yonne, de l'Aube et de la Marne.

En mai 1943, elle est affectée à Paris au service national des liaisons et transmissions du Comité militaire national des FTP. Pendant dix-huit mois, elle assure les liaisons entre le Comité militaire national et les chefs inter-régionaux de province. En août 1944, elle dirige l'insurrection parisienne dans le troisième arrondissement, particulièrement dans le secteur de la rue de Bretagne.

Maria Valtat revient dans l'Yonne au début de septembre 1944. Elle est immédiatement membre du secrétariat de la Fédération de l'Yonne du PCF. Vice-présidente du Comité départemental de libération, elle est candidate aux élections cantonales en septembre 1945 dans le canton de Joigny. Elle figure également aux côtés de P. Mocquet, L. Prost et P. Verneiges sur la liste communiste aux élections d'octobre 1945. Dans le cadre de la crise que traverse la Fédération communiste dans les années d'après-guerre, elle s'oppose à Lucien Prost qui dirige le parti et qui lui voue une haine féroce, puis elle entre en conflit avec Victor Bolzan qui succède à Prost. En 1949-1950 elle réalise contre elle l'unanimité de ceux qui se déchirent entre eux et est l'objet d'attaques de plus en plus vives. La conférence fédérale des 8 et 9 décembre 1951 à Auxerre accuse Maria Valtat « de se livrer à un travail fractionnel au sein du Parti » et décide de l'écarter de toute responsabilité au sein de la Fédération de l'Yonne du parti communiste.

Maria Valtat quitte alors l'Yonne pour aller vivre au Blanc-Mesnil, près d'une belle-soeur. Dans cette municipalité communiste elle fut longtemps conseillère municipale et devint second adjoint au Maire jusqu'en 1972, tout en déployant une grande activité au sein d'organisations à caractère social ou culturel de la ville ou du département. Elle fut lavée par le parti communiste des accusations portées contre elle en 1951. Maria Valtat est décédée au Blanc-Mesnil le 15 juin 1977. Un logement-foyer pour personnes âgées y porte son nom.

 

Sources : AN Z6 NL/19510, dossier d’instruction du procès Ringenbach. ADY, 1 W 19, 6 W 25470 (dossier d’instruction du procès Grégoire) et 1139 W 40 (dossier Louis Valtat). Archives privées de Robert Loffroy. Maria Valtat, in Maîtron (dir.), Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français. Sinot Jérôme, La Fédération communiste de l'Yonne de 1947 à 1962, mémoire de maîtrise, université de Bourgogne, 1997. Témoignage de Robert Loffroy (2000). Correspondance écrite de Robert Royer, beau-frère de Maria Valtat, conseiller municipal de Blanc-Mesnil (2000).

 

Joël Drogland

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