En juin 1943, le maquis s'en était pris à une usine d'alcool travaillant pour l'occupant qui fut facilement incendiée. En août 1943 le Front national et les FTPF lancent la bataille du grain.
Le maquis Vauban y participe. Dans la dernière semaine d'août, il détruit une batteuse à Arrans. Vers le 2 septembre, c'est le tour d'une presse à fourrage à Ancy-le-Franc. Le maquis Vauban est aidé dans ces opérations de sabotages visant à empêcher le pillage des ressources agricoles, par d’autres groupes et de nombreux sédentaires. Au point que les Allemands s’inquiètent. Le 9 décembre 1943 se tient à Avallon, à la demande de la Feldkommandantur 745 d'Auxerre, une grande réunion des maires de l'arrondissement sous la présidence du préfet de l'Yonne. L'orateur principal, et presque unique, est le colonel Damm. L'objet, lui aussi unique de cette réunion, est la livraison des céréales. Le colonel Damm, dans son allocution, évoque « les retards consécutifs à la démolition des presses, des actes de terreur, des lettres de menaces, des interceptions de livraisons ». Il annonce l'envoi d'une colonne militaire dépêchée par le Militärverwalter de Dijon « pour assurer la sécurité du transport des stocks destinés à l'Intendance Militaire de Sens et pour faire une pression militaire directe sur les producteurs de mauvaise volonté ». Puis il se répand en menaces plus ou moins voilées contre les maires présents (il n'y a que 6 absents excusés). Il les appelle à la délation et insiste sur le « devoir d'information sur les étrangers à la commune, le devoir de rapporter tous les incidents ». Il admoneste les édiles qui doivent s'impliquer dans la sous-répartition des impositions laquelle doit être intégrale, équitable et juste. Il termine par l'annonce de mesures rigoureuses de réquisitions militaires sans aucune compensation en cas de retard des livraisons.
Cependant, l'opération la plus ambitieuse et la plus audacieuse, car effectuée loin de sa base, concerne le sabotage, le 12 septembre 1943, de la ligne électrique haute tension (225 kv) à Darcey, en Côte-d’Or. Les pylônes d'ancrage 227 et 228 sont cisaillés nuitamment à l'explosif, ce qui nécessite une semaine de travaux. L'interconnexion existant déjà, il n'y a pas de coupure totale mais une déperdition sur le réseau.
Certes les sabotages du maquis Vauban ne causent pas des pertes considérables et irrémédiables à l’occupant. Mais il faut avoir à l'esprit que des opérations similaires se multiplient alors sur cet axe stratégique dans toute sa traversée de l’Yonne, de la Bourgogne et bien au-delà. D'autre part, l'impact psychologique est considérable. Le maquis crée ainsi une zone d'insécurité pour les occupants et les collaborateurs. C'est certainement l'activité débordante du maquis Vauban qui pousse les autorités d'occupation à traquer ce maquis et à l’attaquer le 19 octobre 1943.
Le maquis Vauban disloqué se reforme dans le Morvan et ne reprend ses activités dans la région de Ravières qu'après son retour fin février 1944. Pendant son absence, c'est le petit maquis Berger, créé à l'initiative du « père Robert » qui reprend le flambeau et détruit vers le 10 mai 1944 plusieurs moteurs de bombardiers en gare de Poinçon-les-Larrey (Côte-d’Or). Après le 6 juin 1944, la préparation militaire du soulèvement et de la libération prennent le pas sur les opérations de sabotage pour les hommes du maquis Vauban dont les effectifs montent déjà à plus de 60 hommes.
Michel Baudot
Sources : Canaud Jacques, Les Maquis du Morvan, Académie du Morvan, 1981. Le Pillouer Yves, Le Maquis Vauban , mémoire de maîtrise, Université de Dijon, 1979. Simonnot Armand, Le Maquis Vauban, in Vigreux Marcel (dir.), Le Morvan pendant la Seconde Guerre mondiale, Saulieu, ARORM, 1998. Baudot Michel, Le maquis Vauban, in La Résistance de l’Yonne. Les organisations, Auxerre, ARORY-SSY, 2001.
En 2022, Morvan, Terre de Résistances, ARORM a édité en collaboration avec l’ARORY, le mémoire de maîtrise d’Yves Le Pillouer, enricchi d’illustrations et de notes permettant l’actualisation de l’étude. Cet ouvrage, Le Maquis Vauban (1943-1944) est disponible sur commande à l’ARORY.