Maquis 44, pour quoi faire ? (réflexions de Suzel Alexandre)

La liberté, seule valeur impérissable de l'histoire (Albert Camus, l'Homme révolté)

 

Depuis 2013 sont proposées des randonnées animées.

La Ferté Loupière, Chassy, Guerchy, Saint-Maurice-Thizouaille ont été les sites choisis et parcourus.

Pour chacune des randonnées, l’histoire s’articule autour de l’Histoire, celle avec un grand H.

Des faits et des événements locaux, tous situés dans ce passé des années de la seconde guerre mondiale,  viennent se greffer au cadre national de l’époque.

Longtemps, ce passé fut retenu pour de multiples raisons.

Patrimoine mémoriel à défendre, à sauvegarder

Pour sensibiliser un public aux actions historiques quoi de mieux que de les mettre en scène. N’est-ce pas là un des meilleurs vecteurs de transmission. L’image et le verbe en mouvement. Une réalité de vie.

Appréhender l’événement, l’approcher, le reproduire sans en faire un spectacle théâtral de fiction, le restituer dans sa forme populaire la plus noble au cœur du village concerné.

La représentation commémorative produit un rassemblement citoyen qui se pourrait d’allure « festif » pour certains mais qui est en fait à but instructif, voire pédagogique, avant d’être uniquement divertissant.

Pas des faiseurs d’histoire, mais des historiens résolus à plonger chacun dans un passé qui demeure notre part commune ; c’est, en recréant l’Histoire, créer un lien avec ce passé, en l’inscrivant de manière mieux identifiable dans notre mémoire.

Offrir ces randonnées, c’est pérenniser, et non marginaliser, ce patrimoine mémoriel.

L’on donne à voir aux randonneurs des pages d’histoire qu’ils n’auraient pas forcément sues ou lues. Confronter ce public curieux à des scènes vivantes participe peut-être à une prise de conscience, à une réflexion nouvelle, et espérons-le à un plus grand intérêt pour l’histoire locale et nationale.

Rendre « matérielle » cette mémoire locale en utilisant le contexte géographique animé par des hommes, des femmes et des enfants  développe nécessairement émotions et curiosité.

« Vivre » quelques 70 ans en arrière, au rythme d’une mise en scène collant fidèlement aux faits historiques, permet aux randonneurs de prendre place dans l’Histoire, de la toucher des yeux, n’est-ce pas une solution « ludique », une « vulgarisation positive de l’Histoire » que de pousser les lourdes portes d’un passé enfui et de se trouver à la croisée des chemins, ceux des lieux et ceux de la connaissance ?

Ces acteurs professionnels, ces comédiens amateurs, tous ces participants sont-ils pour autant des intrus en mal de sensation, cherchant dans un éventuel folklore local à fêter leurs héros, leurs résistants ? Non, ils sont les voix éteintes qui viennent toquer à notre mémoire.

La fiabilité des sources est incontestable, les explications et les dialogues s’appuient sur des documents authentiques et vérifiés.

Ainsi donc ce patrimoine mémoriel n’est-il pas à conserver, n’est-il pas sujet à être exposé, exprimé ?

Rejouer le passé pour protéger le futur…

Saluons la performance de chacun et chacune à savoir recréer en ces séquences éphémères (elles durent le temps d’une randonnée) une ambiance qui nous permet de réfléchir sur notre histoire collective. C’est une capture, autant respectueuse que solennelle, du passé. Destinée à ne pas donner une trop grande dimension à l’oubli.

Personne ne se substitue à personne. Aucune manipulation des faits n’est utilisée pour brosser le portrait de tel ou tel personnage. L’effort vertueux des historiens à ne pas falsifier la vérité dans les scénarii proposés mérite d’être souligné, applaudi et valorisé.

Ces randonnées animées sont un procédé qui autorise la reconstruction pas à pas de notre histoire ancienne et locale irrémédiablement cloisonnée dans l’Histoire. Elles sont également une marche vers l’avenir.

Marchons, marchons…

Le passé doit conseiller l’avenir… (Sénèque).

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